Homélie du RP Abbé de Sept-Fons, le 8 décembre 2011

L’érection de votre monastère en abbaye est une bonne occasion pour vous redire les raisons de votre présence ici et y enraciner un peu plus ces convictions afin que votre maison soit bâtie sur le roc et non sur le sable autrement dit sur Dieu et sa grâce et non sur des considérations sensibles ou même raisonnables.

Il y a encore quinze ans, il y avait ici les ruines d’une belle ferme baroque qui avait servi sans doute –était-ce prémonitoire ?- de villégiature aux abbés de Tepla vos voisins. Aujourd’hui existe ici une communauté de moines cisterciens qui y vivent comme ils peuvent, mais avec courage et persévérance, leur vocation de louange et d’intercession. Tout ce qui a été fait, et c’est énorme, et tout ce qui reste à faire, ne l’oubliez jamais, n’a d’autre but que cela : permettre à des hommes que Dieu y appelle, de vivre ici une vie d’intimité avec Notre Seigneur, dans la prière, grâce à la vie commune, au travail, au silence et à la séparation du monde.

Devenir une abbaye, signifie s’inscrire dans la durée et la solidité or, vous le savez, rien de cela n’est acquis automatiquement et même lorsqu’on s’y est établi, rien n’en garantit la continuité sans effort. Durée et solidité sont des dons de Dieu qu’il faut demander sans relâche et qu’il faut exercer chaque jour : accomplir sans se lasser ni reculer les tâches de la vie quotidienne, à commencer par l’Oeuvre de Dieu, en utilisant leur côté monotone et répétitif pour les approfondir et en découvrir la richesse cachée, voilà comment durer ; miser sur les vraies valeurs : simplicité, franchise, courage, patience, douceur, voilà pour le solide. En agissant ainsi on peut affronter bien des tempêtes et quand l’imprévu sonne à la porte, il ne nous surprend pas et nous trouve, au contraire, capables de faire face à toute sorte de situations dont on sort plus affermi et plus décidé.

Une abbaye suppose un abbé. Vous allez donc ce matin choisir celui qui exercera parmi vous cette tâche. C’est l’occasion de choisir à nouveau de vivre ce mystère de l’obéissance à travers lequel notre liberté trouve son vrai développement. L’occasion de nous redire que, quelles que soient les faiblesses et les pauvretés de cette communauté à laquelle nous appartenons, nous savons bien qu’elle est indispensable à la mise en œuvre de notre vocation et que sans elle nous ne pourrions tout simplement rien accomplir.

Dieu, jusqu’à maintenant, a béni votre monastère de toutes sortes de bénédictions, il ne lui a pas non plus ménagé les épreuves qui font grandir ceux qui savent y reconnaître sa main. Nous avons foi qu’il continuera, à travers joies et peines, sa bénédiction à la nouvelle abbaye, pour peu que les moines qui ont choisi d’y vivre le fassent honnêtement, droitement et sans regarder en arrière.


8. 12. 2011