Homélie de Monseigneur Radkoský, évêque de Plzeň, lors de la bénédiction abbatiale
« Béni soit le Dieu et Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis dans le Christ par toutes sortes de bénédictions spirituelles » (Eph 1,3) ! Voilà, mes frères, comment je voudrais rendre grâce à Dieu et le louer pour tout ce qu’il a réalisé ici avec vous! Dans les temps anciens, les moines cherchaient des lieux reculés pour fonder des foyers de louange, de culture et de civilisation, dont certains font aujourd’hui notre admiration. Nous sommes témoins depuis 10 ans qu’il en est de même ici.
Les premiers frères tchèques arrivaient à Sept-Fons il y a 20 ans pour se consacrer à Dieu. La communauté s’étant accrue, vous avez décidé, voici 13 ans, de fonder un monastère en République Tchèque. La découverte de la ferme abandonnée de Nový Dvůr vous a résolu d’en faire le lieu du nouveau monastère. Je vous étais alors très reconnaissant d’avoir choisi ce lieu dans mon diocèse, car je savais cette région sprirituellement dévastée dans un grand besoin de prières et de don de soi pour se relever. Grâce à Dieu, mon attente s’est concrétisée.
L’aide de votre maison mère, l’abbaye de Sept-Fons, et celle de nombreux bienfaiteurs, a permis au monastère de s’élever sur des ruines. Ainsi avez-vous pu y commencer la vie monastique il y a 9 ans. Deux ans plus tard, les bâtiments étaient presque achevés et l’église consacrée. Le travail ne s’arrêtait pas pour autant, bien au contraire. Il vous fallait surtout continuer à grandir et à mûrir spirituellement sous la conduite de votre sage abbé Dom Patrick, aidé par votre prieur, Dom Samuel et par d’autres maîtres spirituels.
Par vos prières, votre travail, vos études, vous êtes devenus un nouveau lieu de pélerinage où l’on vient en bon nombre reprendre force, examiner sa vocation et parfois rester. Le nom de Nový Dvůr est désormais bien connu même au delà des frontières de la République Tchèque, et ce, alors que votre communauté continuait à mûrir et à s’accroître sous la conduite de son abbaye mère, ce qui est encourageant
Vous avez donc atteint une certaine maturité et de manière étonnemment rapide. De ce fait, le chapitre général de l’Ordre a approuvé l’érection du prieuré en abbaye. Ainsi, avez-vous pu élire votre premier abbé le 8 décembre. Je vois la bénédiction abbatiale de ce jour comme le couronnement de cette oeuvre de Dieu qui est aussi la vôtre. Je la vois auusi comme le commencement d’un nouveau chapitre de votre vie et de l’histoire du monastère de Notre Dame de Nový Dvůr. Il s’agit là d’un événement historique, et je rends grâce à Dieu d’avoir pu vous suivre durant tout ce chemin, vous accompagner de mes prières tout en bénéficiant du soutien des vôtres.
Dans un instant, je vais procéder, chers frères, à la bénédiction de votre abbé. Le premier de la nouvelle abbaye. Promettez-moi, comme à lui, que vous ferez tout pour l’aimer, le respecter, lui obéir et l’aider. Je sais que ce n’est pas simple, parce que vous et lui n’êtes que des hommes, avec vos qualités et vos défauts. C’est pourquoi un ferme propos vous est nécessaire et le soutiendra. Je vous promets de prier afin que vous le teniez.
Et maintenant, que vous dire, cher père abbé ? Vais-je vous citer la Règle de votre Père Saint Benoît qui traite largement de l’abbé, parce qu’il revêt une importance capitale pour la communauté monastique ? Ce serait prêcher un converti puisque cette Règle est la source quotidienne de votre spiritualité.
Permettez-moi cependant de vous faire part des convictions selon lesquelles j’essaye, malgré toutes mes imperfections, de conduire ma vie. Je tiens ces convictions de Chiara Lubich. Peut-être seront-elles pour vous et pour votre ministère, une source d’inspiration.
De toutes mes forces, j’essaye d’aimer l’Eglise dans laquelle je vis, pour laquelle je vis, et je veux que ceux qui me sont confiés y vivent avec les mêmes sentiments.
En raison de la vocation peu commune qui m’a été confiée, je ressens la nécessité de toujours maintenir la communion avec le Saint-Père et tous les évêques. Uni à eux, je tiens à donner le témoignage d’une collegialité vécue.
Parce que je suis évêque, je veux agir comme représentant du Christ – en raison de l’Esprit qui m’a configuré à Lui – et avec Marie, pour les croyants de mon diocèse et pour pour tous ceux qui n’en font pas canoniquement partie, mais qui sont d’une certaine manière liés au Christ, parce qu’il a donné sa vie pour le salut de tous.
Cette grave mission, j’essaye de l’accomplir d’une manière bien précise, c’est-à-dire présidant à la charité.
Je travaille sans cesse à incarner l’idéal d’unité en cherchant à aimer le premier, me faisant le serviteur de mes frères, pour suivre les paroles de Jésus : « Celui qui veut être le premier parmi vous, qu’il soit le serviteur de tous » (Mc 10, 44). Je tends à mettre en pratique la volonté de Jésus dans tout le diocèse.
C’est pourquoi je m’efforce d’allumer des foyers d’unité entre les personnes du diocèse, à commencer par les prêtres.
Je suis prêt à donner ma vie afin que l’unité ne s’étiole pas en protégeant cette flamme dans chaque foyer afin qu’elle grandisse et apporte sa contribution à la révolution chrétienne, à la réalisation de la civilisation de l’amour.
Je m’efforce d’imiter Jésus abandonné sur la Croix et Marie restée seule au pied de la Croix, pour embrasser les épreuves, aussi bien les miennes que celles de l Eglise, de telle maniere que le Ressuscité puisse toujours rayonner en moi ainsi que les dons de son Esprit
Conduire l’Eglise avec prudence exige de moi une indispensable sagesse.
12. 12. 2011